L’Aisne, un territoire précurseur dans la culture de la betterave

La culture de la betterave fait son apparition en France au XIXe siècle, sous l’égide de l’empereur Napoléon Ier. À cette époque, des hostilités existent entre l’Empire français et la Grande Bretagne, impactant fortement le commerce maritime.

Les vaisseaux britanniques empêchent l’acheminement de denrées sur le territoire français, privant ainsi le peuple d’aliments du quotidien comme le sucre importé des îles. Napoléon Ier cherche alors un « sucre de remplacement » qu’il obtient grâce à la betterave. 

Ainsi, la culture de la betterave est introduite dans tous les départements français par un décret promulgué le 25 mars 1811. En parallèle, six écoles de sucrerie sont fondées et un fonds monétaire s’élevant à un million de francs[1] est créé pour développer les recherches sur l’extraction du sucre de betterave. 

Le département de l’Aisne est au centre de cette nouvelle économie. Une circulaire ministérielle de l’époque désigne l’Aisne comme le premier territoire pour la production de betteraves avec 400 hectares agricoles. Dès 1811, deux sucreries sont construites à Château-Thierry et à Mailly. 

À ses débuts, le secteur betteravier n’est pas fleurissant. Outre la sécheresse de 1811, les agriculteurs se méfient de cette nouvelle pratique et ne maîtrisent pas complétement la culture de la betterave. Pour lutter contre cette appréhension, le préfet de l’Aisne accorde en 1812 de nouvelles licences de fabrication aux sucreries de Soissons, Chassemy, Mont-Saint-Martin, Fourdrain, Vervins et Roupy. Cependant, le secteur reste fragile.  

Lorsque l’Empire chute en 1815 et que les Anglais décident de dissoudre leur blocus maritime, la production du sucre français est à nouveau freinée. Le commerce du sucre de canne reprend provoquant un délaissement pour celui de la betterave et la fermeture de nombreuses sucreries. 

L’industrie du sucre de betterave se développe véritablement à partir de 1822, à la suite de la loi du 27 juillet qui surtaxe les sucres coloniaux : les tarifs des sucres étrangers sont majorés de 5 à 15 francs[2] par 100 kilos. Le commerce du sucre français, moins cher, prend alors de l’ampleur. De nouvelles petites sucreries locales françaises ouvrent leurs portes, dont 12 dans l’Aisne en 1830. Avec l’essor de la démographie et l’augmentation de la consommation de sucre, l’agriculture betteravière est à son apogée à la fin du XIXe siècle.

Dans le Soissonnais, la sucrerie Milempart de Villeneuve-Saint-Germain et celle de Pommiers, ainsi que la distillerie de Vauxrot, exploitent la betterave[3] du coin (Cuffies environ 50 hectares, Pommiers 100 hectares, Villeneuve-Saint-Germain 150 hectares). Leur  installation est favorisée par la proximité avec la rivière Aisne et l’installation du chemin de fer.

La sucrerie de Milempart écrasait près de 400 tonnes de betteraves en 1914, et produisait du sucre blanc et roux, de la mélasse et de la pulpe.

Détruites ou très endommagées par la Première Guerre mondiale, les propriétés sont regroupées en 1921 pour former la Société des sucreries et distilleries du Soissonnais qui se concentre ensuite sur l’unique fabrique de Bucy-le-Long.

Au niveau national, les autres usines subissent également de nombreuses réformes et restructurations. 

Aujourd’hui, il reste deux sucreries en activité dans l’Aisne (Bucy-le-Long et Origny-Sainte-Benoite, propriétés de Tereos). Leur production représente un quart de la production nationale. 

Image : 

Vue sur la sucrerie de Pommiers en 1913 © Gallica

Sources : 

[1] Environ 4 millions d’euros.

[2] Environ 20 à 60 euros.

[3] Il existait également une râperie à Noyant-et-Aconin.

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