Le Théâtre de Soissons

A la veille de la Révolution, la ville de Soissons souhaitait disposer d’une salle de spectacles, mais elle n’avait pas les moyens pour la construire. En 1804, le Marquis de Puységur, maire de l’époque, et la ville demandèrent aux habitants d’appuyer l’action d’une société d’actionnaires, qui se proposait de la faire construire.

Le bâtiment devait recevoir, en plus de la salle, des logements, un magasin pour les décorations, des bains publics, deux petits jardins, une halle couverte et deux fontaines publiques. L’édifice fut construit sur les plans des architectes Peyre et Clément, à l’emplacement de l’ancienne église Notre-Dame-des-Vignes. Cette église avait été vendue à la Révolution comme bien national.

Le site longeait la Grand’Place, quartier aristocratique sous la généralité de Soissons. Le théâtre devait alors contribuer à sa mise en valeur. Son architecture, de style néo-classique, se distinguait grâce au fronton de la façade, caractéristique des anciens temples grecs. En effet, sous le Premier Empire, les constructions s’inspiraient fortement de l’architecture antique. Le bâtiment fut inauguré le 7 août 1805, rue des cordeliers (rue de la Comédie entre 1805 et 1815). Il pouvait contenir jusqu’à 900 spectateurs, sur deux étages. Pour sa décoration intérieure, il faut imaginer des banquettes en toile grise et des rideaux en velours de couleur grenat, mêlés aux décors et à la scène.

Un lieu culturel d’importance

Le but principal était de divertir les soissonnais, mais aussi d’encourager les représentations théâtrales. Dès le XIXe siècle, les communes s’investissaient dans la culture. Pour cela, le directeur du théâtre décidait de la programmation des spectacles. N’ayant pas de troupe permanente, Soissons accueillait régulièrement les troupes de comédiens de la Comédie Française.

Tous les genres étaient représentés : auteurs contemporains (Victor Hugo, Emile Zola,…) et auteurs classiques (Racine, Corneille,…). De plus, la salle recevait des concerts de musique, des événements sportifs, du cirque, et des bals masqués,… Ainsi, le bâtiment n’était pas réservé à la bourgeoisie. La classe populaire le fréquentait plutôt le week-end.

Tout au long du XIXe siècle, le théâtre subit des aménagements, notamment pour créer un café de la Comédie, annexer les bains publics et améliorer la sécurité du public. L’édifice fut détruit en 1917 par les bombardements et ne fut jamais reconstruit. Il fallut attendre 1935 pour que la ville puisse organiser des saisons théâtrales au sein du « Casino de Soissons ».

Sources :

Archives municipales de Soissons : cotes 4M22, 2R19 et exposition « Au théâtre ce soir » 2006.

Image : © Musée de Soissons, Collection Guy Lafleur